Le 15M a constitué un véritable antidote à la droitisation de l’Espagne car il a canalisé les réactions liées au mal-être de la crise de 2008 vers le haut (c’est-à-dire vers les politiciens et les banquiers) et non vers le bas (les migrants). Mais il ne pouvait pas non plus être considéré comme un vaccin faisant des miracles éternellement et qui aurait régler le problème une fois pour toutes. Pour maintenir vivants ses affects, il était indispensable de le renouveler, de l’actualiser. Et cela n’a pas été fait.
La désactivation du “coupe-feu” 15M – c’est-à-dire des liens qui s’étaient établis entre action collective, entre-aide, empathie et solidarité – a laissé la porte ouverte aux poisons irrémédiablement présents dans une crise économique et sociale: la peur, l’isolement, l’amertume, la victimisation, le ressentiment, l’agressivité, la poursuite d’un bouc émissaire. C’est de cette “passionnialité obscure” – selon les mots de Diego Sztulwark – que s’alimente actuellement le déplacement vers la droite extrême et l’extrême-droite.
Amador Fernández Savater (Madrid, 1974) va y viene entre el pensamiento crítico y la acción política, buscando siempre su encuentro. Es editor de Acuarela Libros (acuarelalibros.blogspot.com), ha dirigido durante años la revista Archipiélago y ha participado activamente en diferentes movimientos colectivos y de base en Madrid (estudiantil, antiglobalización, copyleft, "no a la guerra", V de Vivienda, 15-M). Es autor de “Filosofía y acción” (Editorial Límite, 1999), co-autor de "Red Ciudadana tras el 11-M; cuando el sufrimiento no impide pensar ni actuar" (Acuarela Libros, 2008) y coordinador de "Con y contra el cine; en torno a Mayo del 68" (UNIA, 2008). Actualmente, emite semanalmente desde Radio Círculo el programa "Una línea sobre el mar", dedicado a la filosofía de garaje.